-Salut m'man dis-je en montant dans la voiture.
-Bonsoir chérie! Ta journée?
-Superbe! ai-je mentis en soupirant
Je balance mon sac à l arrière, défait ma queue de cheval, et adosse ma tête au dossier du siège.
-Alice! a-t-elle articulé lentement mon prénom
-Qu'est-ce que j'ai fait? C'est rare que maman m'appelle par mon prénom.
-J'ai dit quoi à propos du sac?
-Je dois le mettre dans le coffre ou sur mes pieds. Si je venais à le laisser sur le siège, je doit le poser délicatement, avec douceur pour éviter d'abîmer le cuir des sièges. réponds-je machinalement comme un enregistrement.
-Bien a fait maman. Alors tu attends quoi?
Je descends alors de la voiture, ouvre la portière et dépose mon sac par terre avec douceur comme le désire maman. Je sens quelqu'un me toucher l'épaule alors je me retourne brusquement et vois ce regard, celui qui autrefois me donnait le sourire et que je n'ai jusqu'à présent pas oublié. Wow! une seconde! C'est Kevin Campbell qui vient me parler. Celui avec qui j'ai longtemps été ami et qui par la suite m'a ignoré. Celui qui est parti en Australie sans même me prévenir. Qui a fait comme si je n'avais jamais existé dans sa vie. Même après qu'il soit rentré. Je veux dire, on a eu toute une journée de cours ensemble et il ne m'a pas adressé la parole, pas même une fois, pas même un malheureux sourire.
-Euh... le prof m'a demandé de te remettre ça. dit-il en me tendant une feuille de cours
-Oui. euh... mer... il me tourna le dos.
Je ne sais pas pourquoi j'ai envie de pleurer. Après tout, c'est pas comme si c'était la première fois qu'il me cassait. Mais c'est trop dur pour moi. J'essaye de me ressaisir quand ma mère me rappelle à l'ordre.
Deux jours sont passés depuis l'arrivée de Kevin au lycée et rien n'a changé. C'est vraiment très dur mais je m'y ferais. D'ici un mois, je réussirais a faire comme si de rien n'était. Quelqu'un tire ma couverture et me chatouille les pieds.
-Réveille toi, grosse paresseuse!
J'aurais dû m'en douter.C'est Evan. Il n'y a que lui pour faire ça. Il prend un de mes oreillers et me frappe avec de toutes ses forces. Ce n'est qu'un gamin de huitans; mais je peux vous dire que malgré sa petite taille et sa maigreur, quand il frappe , ça fait mal!
-Evaaan! ai-je râlé
-Réveille toi! continua-t-elle en me tirant les cheveux.
-Evan! me mis-je à crier. Arrête
Mais évidemment, je parlais dans le vide.
-Qu'est-ce qui se passe ici? interrogea maman en trombe
Evan, en voyant maman se calma immédiatement.
-C'est Sissi maman!
-Sssi soupira maman. Pourrais-tu stp cesser de crier? Il est encore tôt et ta sœur dort encore.
Non mais je rêve!
-Mais m'man, c'est Evan! Il arrête pas de me tirer les cheveux!
-Alice, ce n'est pas une raison de crier. Tu n'es plus un bébé.
C'est ce que je me tue a le lui répéter mais elle n'en prends compte que quand ça l'arrange.
-Je t'assure que si, je vais finir par être chauve s'il continue et ça fait mal.
La perspective d'être chauve fit sourire maman. Elle vint s'asseoir sur mon lit, caressa ma chevelure brune ajouta en souriant:
-Tu es vraiment l'enfant de ton père.
Ce compliment me fit très plaisir. Il y eut un petit moment de silence et elle me serrait très fort dans ses bras. Je sais que maman est toujours amoureuse de papa. Et papa aussi. Je ne me souviens même plus de la raison de leur divorce. Tout s'était passé tellement vite. J'avais à peine neuf ans, Ines en avait six et Evan en avait trois. Je crois que c'est lui qui a eu le plus de mal et c'est aussi lui qui passe le moins de temps avec papa.Tout ça parce que son école est en dehors de la ville, pas très loin du cabinet d'avocat où travaille maman. Aussi loin que je me souvienne, Jenna s'est toujours occupée de nous. Il nous était très rare de passer des moments en famille, avec un père médecin titulaire et une mère avocate très "brillante" comme le dit souvent sa patronne. D'ailleurs, je pense que leur divorce a un rapport avec leurs professions.
-Bon dépêche toi de descendre ordonna maman en me libérant
-D'accord, j'arrive de suite. Laisse moi juste le temps de prendre une douche
-Et.. ouvre les panneaux, puisque je viens de gâcher ta grasse matinée.
Je monte les panneaux, comme l'a demandé maman pour éclairer la chambre, prends des vêtements, et me dirige vers la salle de bain pour prendre une longue douche froide.